«Si on pouvait expliquer les tableaux,
les traduire en paroles,
il n’y aurait pas besoin de les peindre »
Gustave Courbet, Correspondance
A propos du réalisme
Le "réalisme", s'il faut encore user du terme, consisterait donc à éliminer toute forme parasite de la chose, pour laisser s'imposer, contre les arbitraires de l'"idée", de l'imagination "productrice", de l'art "conceptuel", bref de tout constructivisme de l'objet, la forme propre et immanente de la chose même (...)
La disparition de tout intermédiaire entre la chose et le regard signifie que la peinture ne montre plus la représentation de la chose, mais la chose elle-même, plus et mieux que la chose en état de nature ne pourrait elle-même le faire. Comme on sait, Pascal s'est étonné : "Quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration par la ressemblance de choses; dont on n'admire point les originaux !"
Jean-Luc Marion, Courbet ou la peinture à l'oeil, Flammarion
Texte de Pierre Souchaud
La beauté, la vertu, la noblesse, la santé de la peinture de Louise Girardin sont dans cette relation totalement naturelle, directe et sans affectation qu’elle entretient avec l’exercice d’un somptueux savoir-faire pictural, mais aussi avec cette réalité extérieure que ce dernier lui permet d’appréhender en totale liberté de sentir, de penser, de rêver et d’aimer.
Dès lors, la représentation des choses, va bien au-delà, au-dessus, au-dessous et à côté de ce qui est vu, dans une autre dimension que l’on peut appeler sur-narrative, sur-réaliste, onirique, fantastique… et poétique assurément
Dès lors toutes les choses vues et vécues, qu’elles soient fleurs, visages, animaux, scènes imaginées, peuvent être l’objet d’une trans-figuration, qui, animée d’une force mystérieuse venant de l’intérieur même des choses par l’intérieur même de la peinture, permet l’envol immédiat du regard dans l’espace illimité du rêve et d’une sorte de bonheur surnaturel.
Pierre Souchaud, peintre, critique d’art, fondateur du magazine Artension
Texte de Jean Demélier, écrivain